Elsevier

Archives de Pédiatrie

Volume 15, Issue 4, April 2008, Pages 375-381
Archives de Pédiatrie

Mémoire original
Infections bactériennes néonatales précoces en maternité : peut-on limiter les prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance ?Early neonatal bacterial infections: Could superficial bacteriologic samples at birth be limited?

https://doi.org/10.1016/j.arcped.2007.10.027Get rights and content

Résumé

Introduction

Les infections bactériennes néonatales précoces nécessitent une prise en charge rapide avec une antibiothérapie adaptée. En France, les prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance ont une place prépondérante dans le choix du traitement.

Objectif

Les objectifs de cet article étaient de décrire la proportion d’enfants prélevés et de déterminer la valeur diagnostique du prélèvement de liquide gastrique, du prélèvement auriculaire et de la biopsie placentaire.

Méthodes

Pour chaque enfant né à la maternité du CHRU de Lille en 2005 et resté en suites de couches, cette étude prospective a déterminé si l’enfant avait été prélevé, les indications des prélèvements et le diagnostic posé. Les sensibilités, spécificités, valeurs prédictives positives et négatives et rapports de vraisemblance positif et négatif ont été calculés pour chaque prélèvement.

Résultats et conclusion

Cette étude a inclus 3918 enfants dont 1,7 % (65 enfants) eurent une infection selon nos critères. Conformément aux recommandations de l’Anaes (2002), il n’est pas nécessaire de réaliser des prélèvements en cas d’antibioprophylaxie adéquate contre le Streptocoque B ou en l’absence de prélèvement vaginal, s’il n’existe pas d’autre indication de prélèvement. Ainsi, des prélèvements bactériologiques périphériques ont été effectués chez 42,3 % des enfants. Le prélèvement de liquide gastrique avait la meilleure valeur diagnostique. Son examen direct avait une valeur prédictive négative excellente : 99,4 % (IC 95 % : 98,8–99,7), un rapport de vraisemblance positif élevé : 10,04 (IC 95 % : 8,29–12,15) et un faible rapport de vraisemblance négatif : 0,16 (IC 95 % : 0,09–0,29) ; il permet de limiter et de cibler l’antibiothérapie néonatale. Les indications de biopsie placentaire doivent être limitées.

Summary

Introduction

Without promptly started antibiotic therapy, early neonatal bacterial infections incur a significant mortality. Superficial bacteriologic samples at birth have in France a real place for the diagnosis and the decision to treat a neonate.

Objectives

In order to limit their indication and their choice, the aim of this article was to describe the proportion of neonates with samples and to determine the diagnostic value of the gastric aspirate, the ear swab and the placental sample.

Methods

Neonates born in the CHRU of Lille in 2005 and staying in the maternity ward were prospectively included. Criteria for samples, type of samples and diagnosis taken were noted. Sensibility, specificity, positive and negative predictive values and likelihood ratios for a positive test and a negative test were calculated.

Results and conclusion

This study included 3918 neonates; 1.7% (65 children) were infected according to our criteria; 42.3% received bacteriologic samples. In accordance with the Anaes guidelines (2002), if mothers were Group B Streptoccocci positive and received intrapartum antibiotics (up to 2 injections) or did not have any screening test whithout any other indication of samples, the neonate did not have to receive bacteriologic samples. The gastric aspirate was the best exam thanks to the excellent negative predictive value of its direct examination: 99.4% (IC 95%: 98.8–99.7), its high likelihood ratio for a positive test: 10.04 (IC 95%: 8.29–12.15) and its low likelihood ratio for a negative test: 0.16 (IC 95%: 0.09–0.29); this sample could restrict the antibiotics’ ratio given to the neonate. Placental sample could be taken only in certain indications.

Introduction

Les infections bactériennes néonatales précoces (INP), survenant avant 72 h de vie, sont presque exclusivement d’origine maternofœtale. Elles peuvent engager le pronostic vital du nouveau-né et nécessitent une prise en charge précoce avec une antibiothérapie adaptée. Leur diagnostic précoce est difficile car les signes cliniques ne sont pas spécifiques et parfois absents dans les premières heures. La démarche diagnostique prend en compte les critères obstétricaux, les signes cliniques, les examens bactériologiques et le bilan biologique. Son but est de n’omettre aucune INP, tout en limitant le nombre d’enfants indûment traités par antibiotiques. Contrairement aux données de la littérature nord-américaine, les pédiatres de maternité en France donnent aux prélèvements bactériologiques périphériques réalisés en salle de naissance une large place dans la décision d’instaurer et pour adapter le traitement antibiotique [1].

La valeur des prélèvements bactériologiques périphériques dans le diagnostic des infections bactériennes néonatales précoces a fait l’objet de peu d’études prospectives sur grande population en maternité. Les pratiques en France sont encore très disparates selon les maternités [2], malgré les recommandations de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) de 2002 intitulées « Diagnostic et traitement curatif de l’infection bactérienne précoce du nouveau-né » [3]. Les indications de prélèvements bactériologiques à la naissance en France sont larges et les recommandations vis-à-vis de la prophylaxie des INP à streptocoque B (SB) ont fait baisser le taux d’INP à SB, mais ont entraîné une nette augmentation du nombre d’enfants prélevés.

Aussi, les objectifs de ce travail étaient de décrire la proportion de nouveau-nés ayant eu des prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance à la recherche d’une INP et de déterminer les valeurs diagnostiques des prélèvements gastrique, auriculaire et placentaire.

Section snippets

Méthodes

Tous les enfants nés vivants à la maternité de niveau III du CHRU de Lille (hôpital Jeanne-de-Flandre) entre le 1er janvier et le 31 décembre 2005, qui étaient restés au moins 48 h en maternité (secteur des suites de couches) ont été inclus de façon prospective. Les enfants nés vivants, mais décédés au bloc obstétrical et les enfants transférés en néonatologie ou en chirurgie dans les premières 48 h ont été exclus (les pratiques en matière de prélèvements bactériologiques et d’antibiothérapie

Résultats

En 2005, 4488 enfants sont nés à la maternité Jeanne-de-Flandre dont 106 enfants nés sans vie ou décédés au bloc obstétrical et 4382 sortis vivants du bloc obstétrical. Parmi les enfants vivants, 433 ont été transférés en service de néonatologie ou en service de chirurgie et 31 dossiers étaient manquants.

Notre étude a donc inclus 3918 enfants, dont l’âge gestationnel était compris entre 34 et 43 SA et le poids entre 1740 et 5540 g. Parmi eux, 42,3 % (1658 enfants) ont eu des prélèvements

Discussion

Dans notre étude, 42,3 % des enfants restés en maternité ont eu des prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance. Les prélèvements réalisés en cas d’antibioprophylaxie du SB adéquate ou en l’absence de PV sans autre critère de prélèvement associé représentaient 13,9 % des prélèvements. Cette étude confirme la prépondérance de l’examen direct du liquide gastrique en raison de son excellente valeur prédictive négative (99,4 %) et ses bons rapports de vraisemblance positif :

Conclusion

La comparaison de nos pratiques aux recommandations de l’Anaes permet de réduire les indications de prélèvements bactériologiques périphériques. Parmi les prélèvements étudiés, le prélèvement de liquide gastrique est l’examen qui a la meilleure valeur diagnostique. Chez l’enfant asymptomatique sous surveillance médicale rapprochée, sa négativité permet de limiter l’antibiothérapie néonatale. Ces constatations pourraient permettre d’homogénéiser les pratiques en maternité et de restreindre le

Remerciements

Nous remercions les sages-femmes et les auxiliaires de puériculture du bloc obstétrical qui ont rempli avec application les feuilles de recueil de données.

Références (16)

There are more references available in the full text version of this article.

Cited by (10)

  • What is new in neonatal infection?

    2016, Bulletin de l'Academie Nationale de Medecine
  • Perinatal samples in suspected early onset neonatal diseases

    2015, Revue Francophone des Laboratoires
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