Mémoire originalInfections bactériennes néonatales précoces en maternité : peut-on limiter les prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance ?Early neonatal bacterial infections: Could superficial bacteriologic samples at birth be limited?
Introduction
Les infections bactériennes néonatales précoces (INP), survenant avant 72 h de vie, sont presque exclusivement d’origine maternofœtale. Elles peuvent engager le pronostic vital du nouveau-né et nécessitent une prise en charge précoce avec une antibiothérapie adaptée. Leur diagnostic précoce est difficile car les signes cliniques ne sont pas spécifiques et parfois absents dans les premières heures. La démarche diagnostique prend en compte les critères obstétricaux, les signes cliniques, les examens bactériologiques et le bilan biologique. Son but est de n’omettre aucune INP, tout en limitant le nombre d’enfants indûment traités par antibiotiques. Contrairement aux données de la littérature nord-américaine, les pédiatres de maternité en France donnent aux prélèvements bactériologiques périphériques réalisés en salle de naissance une large place dans la décision d’instaurer et pour adapter le traitement antibiotique [1].
La valeur des prélèvements bactériologiques périphériques dans le diagnostic des infections bactériennes néonatales précoces a fait l’objet de peu d’études prospectives sur grande population en maternité. Les pratiques en France sont encore très disparates selon les maternités [2], malgré les recommandations de l’Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé (Anaes) de 2002 intitulées « Diagnostic et traitement curatif de l’infection bactérienne précoce du nouveau-né » [3]. Les indications de prélèvements bactériologiques à la naissance en France sont larges et les recommandations vis-à-vis de la prophylaxie des INP à streptocoque B (SB) ont fait baisser le taux d’INP à SB, mais ont entraîné une nette augmentation du nombre d’enfants prélevés.
Aussi, les objectifs de ce travail étaient de décrire la proportion de nouveau-nés ayant eu des prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance à la recherche d’une INP et de déterminer les valeurs diagnostiques des prélèvements gastrique, auriculaire et placentaire.
Section snippets
Méthodes
Tous les enfants nés vivants à la maternité de niveau III du CHRU de Lille (hôpital Jeanne-de-Flandre) entre le 1er janvier et le 31 décembre 2005, qui étaient restés au moins 48 h en maternité (secteur des suites de couches) ont été inclus de façon prospective. Les enfants nés vivants, mais décédés au bloc obstétrical et les enfants transférés en néonatologie ou en chirurgie dans les premières 48 h ont été exclus (les pratiques en matière de prélèvements bactériologiques et d’antibiothérapie
Résultats
En 2005, 4488 enfants sont nés à la maternité Jeanne-de-Flandre dont 106 enfants nés sans vie ou décédés au bloc obstétrical et 4382 sortis vivants du bloc obstétrical. Parmi les enfants vivants, 433 ont été transférés en service de néonatologie ou en service de chirurgie et 31 dossiers étaient manquants.
Notre étude a donc inclus 3918 enfants, dont l’âge gestationnel était compris entre 34 et 43 SA et le poids entre 1740 et 5540 g. Parmi eux, 42,3 % (1658 enfants) ont eu des prélèvements
Discussion
Dans notre étude, 42,3 % des enfants restés en maternité ont eu des prélèvements bactériologiques périphériques en salle de naissance. Les prélèvements réalisés en cas d’antibioprophylaxie du SB adéquate ou en l’absence de PV sans autre critère de prélèvement associé représentaient 13,9 % des prélèvements. Cette étude confirme la prépondérance de l’examen direct du liquide gastrique en raison de son excellente valeur prédictive négative (99,4 %) et ses bons rapports de vraisemblance positif :
Conclusion
La comparaison de nos pratiques aux recommandations de l’Anaes permet de réduire les indications de prélèvements bactériologiques périphériques. Parmi les prélèvements étudiés, le prélèvement de liquide gastrique est l’examen qui a la meilleure valeur diagnostique. Chez l’enfant asymptomatique sous surveillance médicale rapprochée, sa négativité permet de limiter l’antibiothérapie néonatale. Ces constatations pourraient permettre d’homogénéiser les pratiques en maternité et de restreindre le
Remerciements
Nous remercions les sages-femmes et les auxiliaires de puériculture du bloc obstétrical qui ont rempli avec application les feuilles de recueil de données.
Références (16)
- et al.
Suivi des recommandations de prise en charge pédiatrique de l’infection maternofœtale : enquête au sein du réseau de soins périnatals de la métropole lilloise
Arch Pediatr
(2006) - et al.
Timing of intrapartum ampicillin and prevention of vertical transmission of group B streptococcus
Obstet Gynecol
(1998) - et al.
Antibiothérapie en maternité : importance d’une utilisation rationnelle
Arch Pediatr
(2000) - et al.
Infection bactérienne maternofœtale
Encycl Med Chir
(2004) - Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Diagnostic et traitement curatif de l’infection bactérienne...
- Société française de microbiologie. Référentiel en microbiologie médicale (bactériologie et mycologie). Montmorency:...
- Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé. Prévention anténatale du risque infectieux bactérien...
Probable inference, the law of succession and statistical inference
J Am Stat Assoc
(1927)
Cited by (10)
Assessment of knowledge on neonatal resuscitation using “Helping Babies Breathe” (HBB) program of maternity health caregivers in Dakar
2017, Journal de Pediatrie et de PuericultureWhat is new in neonatal infection?
2016, Bulletin de l'Academie Nationale de MedecinePerinatal samples in suspected early onset neonatal diseases
2015, Revue Francophone des Laboratoires